Rééducation kinésithérapique du sportif après méniscectomie

Rééducation kinésithérapique du sportif après méniscectomie




Introduction :

Une lésion méniscale ne justifie pas systématiquement une méniscectomie. L’importance fonctionnelle des ménisques, leur potentiel cicatriciel et le résultat à long terme des méniscectomies (même sous arthroscopie) incitent à la préservation méniscale.

De ce fait, une lésion méniscale asymptomatique ne justifie en aucun cas une intervention chirurgicale. En revanche, une lésion en zone vascularisée, sur un tissu méniscal sain, chez un sujet jeune fera préférentiellement l’objet d’une réparation méniscale. Enfin, lorsque la méniscectomie ne pourra être évitée, elle devra être la plus partielle possible.

En France, 90 % des lésions méniscales sont traitées par méniscectomie. La rééducation de ces patients, quand elle est nécessaire, est relativement simple. Si sur un genou dégénératif, la rééducation n’est pas toujours prescrite car potentiellement nocive si elle est mal faite, elle est indispensable et primordiale chez le sportif.

La reprise de la course se fait vers la 4ème semaine post opératoire et la reprise des sports de pivot est autorisée entre la 6ème et la 8ème semaine post opératoire.


1. Phase trophique : de J1 à J15


L’objectif est d’obtenir un genou sec et indolore.

Dans les jours qui suivent l’intervention, l’appui total est autorisé mais le patient peut utiliser des béquilles si la douleur est trop importante.

On demandera au patient d’exécuter des séquences de contractions flash du quadriceps plusieurs fois par jour, bien que l’arthroscopie n’entraine pas de sidération musculaire importante.

Le kiné mobilisera le genou de manière douce sans rechercher un gain d’amplitude. On ne force pas sur un genou gonflé.

On devra effectuer des levées de tension du gastrocnémien, du poplité et des ischio jambiers que le patient sollicite en permanence afin de verrouiller son genou en sub extension.

La cryothérapie quelle qu’elle soit, sera pluri quotidienne et consécutive à tout geste sur le genou.

Un massage des masses musculaires du membre inférieur ne pourra qu’être bénéfique pour le genou, en revanche, masser une articulation sous pression est une aberration.

Le vélo sans résistance en rodage articulaire sera permis lorsque le genou pliera à 110° sans forcer.

A cette phase il ne faut pas stresser le genou mais simplement gérer l’orage l’inflammatoire.


2. Phase de reconditionnement : de J15 à J30 voir S5

Le travail musculaire de la cuisse puis de l’ensemble du membre inférieur s’intensifiera progressivement. Il est illusoire de vouloir charger d’emblée. Tout d’abord car on prendra le risque de déclencher une inflammation et donc de perdre du temps en croyant en gagner.

Deuxièmement car le renforcement agit en premier sur les facteurs nerveux. Autrement dit, si la commande n’est pas bonne, il sera tout simplement impossible que le muscle réponde sans demander de l’aide, le sujet va donc compenser comme il le pourra, et son travail n’aura aucun intérêt qualitatif.

Alors il faudra travailler au début sur les facteurs nerveux par un travail analytique et ensuite augmenter la quantité de travail pour agir sur la structure du muscle (hypertrphie).

Le travail en charge remplacera le travail sur table (électrothérapie, Kabat) ou sur vélo, et les contractions seront de plus en plus explosives. Il est important de surveiller l’état du genou et de lever le pied lorsqu’une réaction inflammatoire apparaît.



Renforcement musculaire sur chaise à quadriceps. Travail en CCO à utiliser avec prudence et modération




Travail de renforcement musculaire et proprioceptif



Travail de renforcement musculaire sur Huber Spineforce en appui bipodal



Travail de renforcement musculaire en position de fente sur Huber Spineforce




Renforcement unipodal sur Huber Spineforce

La proprioception se fera également de manière progressive, en se rapprochant le plus possible du geste sportif (travail sur Huber, ballon de Klein, sauts unipodaux, travail sur le terrain…).

C’est le point le plus important de la rééducation. Sans une bonne proprioception, la reprise sur le terrain ne pourra être envisagée car elle sera trop risquée.



Exercice de proprioception en appui unipodal sur sol stable. Exercice auquel on peut ajouter de l’electrostimulation neuro musculaire, et que l’on peut réaliser les yeux fermés



Travail proprioceptif en position de fente sur plateforme tournante



Travail proprioceptif en unipodal sur plateforme tournante



Travail proprioceptif sur trampoline






Travail d’appui dans le cadre du renforcement proprioceptif




Travail proprioceptif en réception unipodale de saut

Gain d’amplitude : si malgré que le genou soit sec, il y a un flessum, un travail en gain d’extension devra être entrepris. Il ne sera pas question de se limiter à appuyer bêtement sur le genou, ce qui entraine des contractions de défense. Mais de travailler en levées de tension du gastrocnémien, du poplité et des ischio jambiers, ainsi qu’en mobilisations classiques et spécifiques du genou avec normalisation de l’ensemble du membre inférieur.


3. Phase de réathlétisation : à partir de S4 ou S5

Elle ne sera envisagée que si le patient possède une bonne proprioception et un genou indolore. Les séances seront une fois de plus progressives en volume, en intensité comme en difficulté. Les exercices d’appui et de pliométrie seront primordiaux mais à exécuter avec prudence.

Les travaux d’endurance sur vélo sont une alternative moins contraignante au niveau articulaire.





L’ergocycle est un très bon outil pour la rééducation du genou traumatique. Très intéressant en rodage articulaire, il peut également être utilisé pour la réathlétisation du sportif

Conclusion :

Le but de cet article n’est pas de dicter au jour le jour comment rééduquer un patient ayant subit une méniscectomie, mais de donner les grands principes de cette rééducation. Le traitement coule de source, il est guidé par l’évolution de la réaction au geste chirurgical. Il faut se fixer une reprise du sport à J45 et adapter la rééducation pour arriver progressivement à un genou parfaitement fonctionnel à ce jour.

Il faudra être prudent et à l’écoute du genou les 15 à 21 premiers jours. Il ne faut pas hésiter à reculer la reprise d’1 ou 2 semaines (voire plus dans le cadre d’une méniscectomie latérale) si des douleurs persistent ou si le genou est instable ou défaillant musculairement. Ne pas forcer sur un genou enflé, en mobilisation comme en travail actif car mécaniquement c’est aberrant. Si la flexion augmentera au fur et à mesure que la pression intra articulaire diminuera, il pourra persister un léger flessum, conduisant le thérapeute à des techniques plus radicales mais tout en pensant à regarder l’état des muscles péri articulaires (contractures périphériques).

Enfin, gardons à l’esprit que le genou est une articulation peu congruente dont le fonctionnement serait impensable sans ménisque. Une méniscopathie asymptomatique non opérée aura donc meilleur avenir qu’une méniscectomie, qui en plus de diminuer la fonction du genou, présente des risques chirurgicaux.

Il est important de rappeler que statistiquement, les suites opératoires sont plus longues dans le cadre d’une méniscectomie latérale.


GoodLuck

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